La ministre du Travail Muriel Pénicaud et Jean-Marie Marx, haut-commissaire aux compétences et à l’inclusion par l’emploi, ont lancé lundi 1er octobre un appel à projets doté de 15 millions d’euros pour l’insertion des réfugiés dans l’emploi dans le cadre du Plan d’investissement dans les compétences par l’emploi (Pic).

Bienvenus en France, les réfugiés sont des personnes qui ont vécu la guerre, les persécutions, des drames et de la violence, a rappelé Muriel Pénicaud lors de son déplacement dans l’association Singa [3], dans le 11ème arrondissement parisien.

« Mais il faut que le « bienvenu », soit une action, et pas qu’un mot » a-t-elle déclaré. Au-delà d’actions pour résoudre les problèmes de logement ou de santé, être le bienvenu c’est aussi pour la ministre des actions pour accéder à l’emploi. « Le travail c’est important car cela permet aux réfugiés non pas de demander de l’aide mais aussi apporter à la société française ».

Plus loin que le cours de Français

Pour aider les réfugiés à franchir les étapes de leur intégration, le gouvernement lance donc un appel à projets dans le cadre du Plan d’investissement dans les compétences (Pic) [4] afin de diversifier les projets ou intensifier ceux qui existent déjà. Citant le programme Hope (lire notre article) dont l’objet est de faciliter l’intégration professionnelle vers des métiers en tension, Muriel Pénicaud a exprimé sa volonté d’aller « plus loin que les cours de Français. Sur l’accès à la formation et à l’emploi, il faut de la qualification » a-t-elle insisté. « Certains réfugiés ont une qualification, mais ils viennent de pays où il n’y a pas de reconnaissance du diplôme, ou bien leur qualification va s’exercer dans un cadre différent. Donc il faut quand même une formation complémentaire. » 39 % des réfugiés qui arrivent en France n’ont pas de qualification professionnelle.

Idées imaginatives et ambitieuses

« L’objet de l’appel à projet est de s’adresser à toutes les associations, réseaux, structures, entreprises ou collectivités qui souhaitent proposer de nouvelles idées imaginatives et ambitieuses qui vont offrir des solutions adaptées, sur mesure (…) pour accueillir et qualifier à plus grande échelle. Que les réfugiés puissent créer leur capital social, accéder à l’emploi, ou créer leur emploi » a expliqué la ministre.

Les propositions doivent prendre en compte toutes les dimensions (capital social, qualification, emploi, logement) et puisqu’un seul organisme ne couvre pas tous ces aspects, le travail en réseau sera un requis, tout comme l’ancrage territorial. Elles devront « soit tester de nouvelles innovations, soit permettre de changer d’échelle pour des innovations qui existent et qui marchent pour lesquelles ce sera un accélérateur »

Ce programme vise de 4 000 à 5 000 réfugiés en 2019, « mais on va amplifier les années suivantes. Comme le Pic vise à former 1 million de jeunes et 1 million de demandeurs d’emploi, il n’y a pas de limites sur ce sujet » a-t-elle prévenu. L’aspect qualitatif des projets sera pris en compte. Muriel Pénicaud n’attend pas de cet appel à projet qu’il « finance des places de formation, mais que ce soit un catalyseur. Pour que toute cette énergie qui existe puisse transformer à plus grande échelle l’accueil des réfugiés. »

Déjà en cours

« C’est un départ lancé » a indiqué Jean-Marie Marx lors de la conférence de presse qui a suivi l’allocution de la ministre. Il a indiqué que le haut-commissariat aux compétences et à l’inclusion par l’emploi avait travaillé en amont sur des propositions. Si le délai de réponse à l’appel à projet est fixé dans un premier temps au 15 novembre, pour une mise en œuvre des projets dès le 10 décembre, il reste ouvert pour de prochaines vagues. « Ce qui est apprécié par les réseaux c’est l’aspect projet innovation. Ce n’est pas un marché cadré administrativement, mais dans un appel à initiatives. On incite à la coopération entre les structures »

Notes

[1] L’association Singa travaille sur les conditions d’accueil et d’insertion des réfugiés en France, en favorisant l’intégration par les aspects sociaux. Elle propose des ateliers d’accompagnement professionnel, un incubateur pour ceux qui désirent créer leur entreprise. Son programme « Buddy » met en place des binômes entre une personne française et une personne réfugiée qui partagent des centres d’intérêt commun (professionnels, loisirs, etc.). La Plateforme Calm : met en relation des personnes disposant d’une chambre libre et des personnes réfugiées pour vivre en colocation

[2] Doté de 14,6 milliards d’euros, le PIC vise à favoriser l’insertion professionnelle de million de demandeurs d’emploi et de un million de décrocheurs, sortis sans qualification du système scolaire.

[3] L’association Singa travaille sur les conditions d’accueil et d’insertion des réfugiés en France, en favorisant l’intégration par les aspects sociaux. Elle propose des ateliers d’accompagnement professionnel, un incubateur pour ceux qui désirent créer leur entreprise. Son programme « Buddy » met en place des binômes entre une personne française et une personne réfugiée qui partagent des centres d’intérêt commun (professionnels, loisirs, etc.). La Plateforme Calm : met en relation des personnes disposant d’une chambre libre et des personnes réfugiées pour vivre en colocation

[4] Doté de 14,6 milliards d’euros, le PIC vise à favoriser l’insertion professionnelle de million de demandeurs d’emploi et de un million de décrocheurs, sortis sans qualification du système scolaire.

 

Le quotidien de la formation –    Béatrice DELAMER – Mis en ligne le 2 octobre 2018