En baisse de 80 % depuis le début de l’année, CléA cherche un second souffle

Président de l’Association nationale pour la certification paritaire interprofessionnelle et l’évolution professionnelle, Philippe Debruyne a fait un état des lieux de CléA, la certification sanctionnant l’acquisition du socle de connaissances et de compétences professionnelles, dans un entretien accordé au Quotidien de la formation.

Jusqu’au 31 décembre dernier, le Comité paritaire interprofessionnel national pour l’emploi et la formation détenait les droits du CléA et le pilotait. Le Copanef ayant disparu, la certification devait trouver un nouveau chef d’orchestre pour perdurer. C’est chose faite depuis la publication au Journal officiel du 26 février d’un arrêté du 19 février relatif au socle de connaissances et de compétences professionnelles. L’Association nationale pour la certification paritaire interprofessionnelle et l’évolution professionnelle a pris officiellement le relais depuis cette date. Philippe Debruyne en exerçait la présidence provisoire, en attendant la signature d’un accord national interprofessionnel constitutif, qui devait avoir lieu le 26 mars.

Évaluations préalables

« Depuis janvier, nous enregistrons une chute de 80 % des débuts de parcours. CléA en tant que tel n’est plus un sujet de discussion. La question des financements porte uniquement sur les évaluations préalables à l’entrée en formation », a indiqué Philippe Debruyne.

Si le financement des certifications CléA est intégré dans les pactes régionaux d’investissement dans les compétences [ 1 ], co-signés par l’État et les Régions, les évaluations préalables n’ont en revanche pas été budgétées, à l’exception de la région Hauts-de-France. Pas tant en raison d’une mauvaise volonté ou de réticences des exécutifs régionaux qu’à cause d’un « malentendu sur le process », selon Philippe Debruyne. « Les Régions font une confusion entre le positionnement en amont du processus de certification et l’évaluation après la formation », décrypte le président de l’association paritaire. Ce dernier a sollicité le Haut-commissariat aux compétences et à l’inclusion par l’emploi. « J’ai senti une écoute favorable de la part du haut-commissaire Jean-Marie Marx pour intégrer ces évaluations préalables dans le cadre du plan d’investissement, côté demandeurs d’emploi. Reste à savoir qui appuie sur le bouton », précise Philippe Debruyne.

Éligibilité au Pro A

Côté salariés, l’association paritaire mise sur l’éligibilité de CléA au Pro A, le nouveau dispositif de reconversion ou de promotion par l’alternance, inscrit dans la loi du 5 septembre 2018.  Problème : la durée minimale de formation dans le cadre de la Pro A est de 150 heures. Or, « la phase d’évaluation préalable peut réduire le nombre d’heures et faire passer CléA sous la barre des 150 heures », pointe Philippe Debruyne. À rebours, un parcours CléA sans évaluation préalable dure au minimum 150 heures. Optimiste, il souligne l’écoute attentive des services de l’État, en l’occurrence de la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle. « Sur le principe, il n’y a pas d’opposition de la DGEFP. L’ensemble des parties prenantes est consciente du caractère réel du problème. CléA est un outil indispensable pour les salariés », insiste Philippe Debruyne.

Le président de l’association paritaire table sur une ordonnance balai qui corrigerait les dernières lacunes de la loi avenir professionnel. Celle-ci pourrait paraître en avril ou en mai.

Rédigé par David Garcia. Publié le 26 mars 2019. Mis à jour le 25 mars 2019.