« Proposer les évolutions nécessaires pour une amplification ou un renouvellement de la politique de prévention de la lutte contre l’illettrisme », tel est l’objet de la mission confiée par Muriel Pénicaud, ministre du Travail, à Christian Janin et Yves Hinnekint, a indiqué le ministère par communiqué le 14 juin.

En confiant cette mission, la ministre du Travail souhaite « réinterroger la stratégie de prévention et de lutte contre l’illettrisme afin d’adapter la teneur et l’organisation de la réponse aux besoins identifiés. »

Un contexte complexe

Car, précise-t-elle dans sa lettre de mission du 3 juin, la lutte contre ce fléau nécessite l’intervention de nombreux ministères (Travail, Éducation nationale, Culture, Justice, et tous les ministères membres du Gip Agence nationale de lutte contre l’illettrisme -ANLCI-). Elle pointe que l’accès aux compétences de base, de la prévention et de la lutte contre l’illettrisme sont partagées entre l’État et des Régions, mais quelle est aussi mise en œuvre par de nombreux acteurs (service public de l’emploi, partenaires sociaux). Alors que se développe le Plan d’investissement des compétences de base « la multiplicité des acteurs exige une coordination efficace de cette politique » estime-t-elle.

Amplification ou renouvellement de la politique

Il appartiendra donc à Yves Hinnekint, directeur général d’Opcalia [ 1 ] et Christian Janin [ 2 ] de « proposer des évolutions nécessaires pour une amplification ou un renouvellement de la politique de prévention et de lutte contre l’illettrisme, sur la base d’un état des lieux des résultats et des de l’impact des mesures, dispositifs et modes d’organisation qui fonctionnent ou a contrario qui n’ont pas fait leurs preuves » indique la ministre.

État des lieux

La lettre de mission demande aux deux experts de faire des proposition de mesures complétant ou modifiant les dispositifs existants « pour atteindre plus massivement l’objectif d’éradication de l’illettrisme des salarié s et des demandeurs d’emploi » ; des propositions pour amplifier l’action de certains acteurs et des propositions d’évolution de l’organisation de l’état dans ce domaine pour plus d’efficacité.

« C’est une mission flash car nous devons rendre notre rapport le 15 octobre.» a indiqué Christian Janin au Quotidien de la formation. « La mission n’est pas sur un esprit de chamboule-tout : dans un premier temps, nous devrons analyser les freins, les vides, qui empêchent toutes les personnes illettrées à s’engager dans un parcours d’acquisition des savoirs de base. La réforme du 5 septembre 2018 avec les deux outils que sont le compte personnel de formation et le plan de développement des compétences dans les entreprises visent plutôt les personnes volontaires qui peuvent aller vers la formation. Comment atteindre ceux qui sont isolés ? »s’interroge-t-il.

Garantir l’efficacité

« Nous allons observer les dispositifs existants, les pactes régionaux d’investissement dans les compétences qui doivent consacrer 43 % des fonds à la montée en compétences des personnes éloignées de l’emploi. Améliorer ce qui existe, ce qui doit être « boosté » pour amplifier l’entrée en parcours de formation. Mais le Pic n’est pas éternel. C’est le premier étage de la fusée. Dans un deuxième temps, nous tirerons les leçons et essaierons de définir quel type de politique de lutte contre l’illettrisme nous voulons à l’avenir pour garantir l’efficacité des propositions que nous ferons.». Le rapport est donc attendu pour le 15 octobre.

 

Notes

1. Opcalia fait maintenant partie de l’Opco des services à forte intensité de main d’œuvre

2. Ancien secrétaire confédéral, Christian Janin a été responsable du service emploi-sécurisation des parcours professionnels de la CFDT de 2006 à 2014. D’avril 2014 à novembre 2016, il a présidé le Comité paritaire interprofessionnel national pour l’emploi et la formation professionnelle (Copanef), qui a mis en place le certificat CléA. Ce dernier est maintenant sous la responsabilité de Certif’Pro

  

Par Béatrice Delamer – Le 17 juin 2019.