L’association Certif’ Pro avance huit propositions pour faciliter l’accès à CléA et à CléA numérique. Ces outils de certification des compétences de base créés par les partenaires sociaux tardent à prendre leur essor. L’association paritaire attend une mobilisation plus forte des pouvoirs publics sur le sujet.

 

« Relancer une véritable politique publique autour des socles de compétences » et dynamiser le déploiement de la certification CléA : c’est le sens des huit propositions présentées, mercredi 9 février, par Certif’ Pro. Cette initiative vise à interpeller les pouvoirs publics : « Il y a un désinvestissement de l’Etat sur la question des socles de compétences », constate Philippe Debruyne, le président de Certif’ Pro.

 

En modifiant les dispositifs de formation et leur mode de financement, la loi Avenir professionnel a eu des répercussions sur le déploiement des certifications interprofessionnelles. « Il a fallu se battre pour recréer vis-à-vis des demandeurs d’emploi et des salariés des leviers de financement qui avaient disparu avec la réforme », explique Philippe Debruyne. Mobilisables dans le cadre du compte personnel de formation (CPF), CléA et sa déclinaison CléA numérique s’avèrent en effet peu demandées spontanément. Elles sont le plus souvent prescrites lors d’un accompagnement.

 

Marges de progression

Ces deux dernières années, les partenaires sociaux ont obtenu des avancées, telles que l’éligibilité de CléA et CléA numérique au dispositif Pro-A. Mais il reste, selon Certif’ Pro, des marges de progression pour déployer ces outils à plus grande échelle. Plusieurs rapports vont dans ce sens à l’instar de ceux publiés dans le cadre de la lutte contre l’illettrisme (rapport Janin-Hinneckint) ou de l’obligation de formation des 16-18 ans. Mais à ce stade, leurs préconisations n’ont pas été suivies d’effets. Quant à la double certification Pix [ 1 ] et CléA numérique prévue dans les mesures du plan de relance, elle n’est toujours pas effective, alors que la conjugaison des deux modèles peut faire sens, selon Certif’ Pro.

 

Équilibre économique fragilisé

La baisse de régime observée sur le terrain – 23 000 inscriptions à CléA en 2020 contre 40 000 en 2018 – pose par ailleurs des questions d’ordre financier à l’association qui doit faire vivre les certifications interprofessionnelles. En tant que certificateur, Certif’ Pro perçoit des redevances de la part des organismes habilités à évaluer les candidats. « Le modèle économique que nous avons construit était basé sur des volumes qui correspondaient à ceux de nos ambitions : mettre les socles de compétences à disposition du plus grand nombre », explique Philippe Debruyne. Au-delà de la question financière, l’urgence, selon Certif’ Pro, est de retrouver une dynamique d’accès aux socles de compétences en cette période de crise.

 

Ouvrir le débat

Pour atteindre cet objectif, l’association paritaire formule huit propositions (lire ci-dessous). Systématisation des évaluations préalables à CléA dans les parcours des moins qualifiés, définition d’objectifs dans la feuille de route des opérateurs de compétences et campagne de communication font partie des pistes avancées par Certif’ Pro pour amorcer le débat avec les pouvoirs publics. Cet appel à la mobilisation intervient alors qu’une nouvelle déclinaison de CléA est en préparation. Dans le cadre de l’accord national interprofessionnel sur l’encadrement, les partenaires sociaux ont prévu de construire un nouveau socle de compétences : CléA management. Les travaux devraient aboutir d’ici à la fin de l’année.

 

Les pistes de Certif’ Pro pour développer l’accès aux socles de compétences

  • Positionner CléA et CléA numérique comme des certifications de droit en tant qu’instruments des politiques publiques européenne, nationale et régionale.
  • Valoriser l’innovation sociale que représente l’évaluation préalable à CléA.
  • Systématiser l’évaluation préalable à CléA en amont de tout parcours de formation ne bénéficiant pas d’une certification de niveau 4.
  • Lancer la double certification « Pix – CléA numérique » avec un financement public dédié pour des publics fragilisés par la crise.
  • Organiser une campagne de communication sur CléA et CléA numérique.
  • Sensibiliser les branches professionnelles et intégrer dans les conventions d’objectifs et de moyens des opérateurs de compétences une cible quantitative et qualitative sur la mobilisation de la Pro-A au profit de CléA et CléA numérique.
  • Intégrer des moyens dédiés à CléA dans les conventions d’objectifs et de moyens des associations Transitions Pro.
  • Travailler concrètement à intégrer les évaluations CléaA dans les marchés de l’ensemble des Régions afin qu’elles puissent être prises en charge pour les jeunes et les demandeurs d’emploi.

 

Par Estelle Durand – Le 16 février 2021 – Centre inffo