Deux millions et demi d’adultes en situation d’illettrisme –  proposé par le CRI le 21 décembre 2012
L’enquête Information et Vie Quotidienne 2004-2005 réalisée par l’INSEE en partenariat avec l’ANLCI qui permet d’établir le taux d’illettrisme chez les personnes âgées de 18 à 65 ans a été reconduite en 2011 avec les mêmes outils de mesure que ceux utilisés pour les besoins de l’enquête initiale de 2004 (Module de tests fourni par ANLCI). Les résultats de cette nouvelle enquête conduite par l’INSEE révèlent que 7% des personnes qui ont été scolarisées en France peuvent être considérées en situation d’illettrisme en 2011, contre 9% en 2004. 

Dès sa création, l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme a réuni toutes les organisations publiques et privées, la société civile, les partenaires sociaux et les collectivités territoriales jouant un rôle pour prévenir et faire reculer l’illettrisme pour qu’elles se mettent d’accord sur une définition commune de l’illettrisme et sur le niveau au-dessus duquel on peut considérer qu’une personne est sortie de l’illettrisme. Sans ce travail préalable indispensable, l’ANLCI n’aurait pas été en mesure de fournir à l’INSEE le module de tests qui a été introduit dans l’enquête nationale Information et vie quotidienne en 2004 pour mesurer l’illettrisme. C’est ce même module qui a été utilisé pour les besoins de l’enquête de 2011. Pour la première fois, il est possible de mesurer et de comparer l’évolution du phénomène de l’illettrisme dans le temps.

La nouvelle enquête révèle qu’en 2011 le taux d’illettrisme est moins élevé qu’en 2004 (7% en 2011, contre 9% en 2004). Au-delà de l’ « effet de génération » mis en évidence par l’INSEE pour expliquer pour partie cette diminution (exclusion du champ de l’enquête 2011 des personnes nées avant 1946 qui présentaient un taux élevé de personnes en difficulté en 2004 et baisse relative du taux de difficulté chez les jeunes de moins de 25 ans entre 2004 et 2011), la mobilisation en matière de prévention et de lutte contre l’illettrisme a connu de forts développements ces 10 dernières années : toutes les régions se sont engagées dans la mise en place de plans régionaux de lutte contre l’illettrisme, la prévention de l’illettrisme est devenue une préoccupation majeure, les partenaires sociaux, les branches professionnelles et leurs relais opérationnels (les Organismes paritaires collecteur agréés) ont fait de la lutte contre l’illettrisme une priorité avec des moyens importants mobilisés par le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels, avec l’aide du Fonds Social Européen les bonnes pratiques de prévention et de lutte contre l’illettrisme ont été identifiées et largement diffusées par l’ANLCI.

Les résultats de la nouvelle enquête de l’INSEE doivent encourager les décideurs et les acteurs à s’engager dans la durée, à poursuivre et à amplifier leur mobilisation pour plusieurs raisons essentielles. D’une part, le nombre de personnes concernées par l’illettrisme reste très significatif dans un contexte de crise économique qui fait de la maîtrise des compétences de base un véritable enjeu d’inclusion sociale et de compétitivité. D’autre part, l’enquête montre pour la première fois que les premières années qui suivent la sortie du système scolaire sont celles où les personnes fragilisées face
à l’écrit risquent de plus en plus de perdre les quelques bases qu’elles ont pu acquérir en lecture et en écriture par manque de pratique et de sollicitation.

Parce qu’il faut informer plus largement l’opinion sur l’existence de ce phénomène massif mais dissimulé dans notre société, parce qu’il est nécessaire d’expliquer que l’on peut réapprendre quel que soit son âge et que des solutions existent, parce que seule une dynamique nationale forte peut permettre à l’action de changer d’échelle, le collectif de 61 grandes organisations et mouvements associatifs fédéré par l’ANLCI poursuit sa mobilisation pour que la lutte contre l’illettrisme soit déclarée grande cause nationale en 2013.

 Chiffres IVQ 2011  INSEE première – n°1426 – Décembre 2012