► Dans les Mooc, tout peut être discuté, sauf l’aspect "massif" (11èmes rencontres du FFFOD)

« Il y aura des évolutions, des ébullitions, certaines formes de Mooc qui se rapprocheront du e-learning…  », commente Jacques Bahry, président du forum français pour la formation ouverte et à distance (FFFOD). Il prend la parole lors de la première table ronde intitulée « Mooc : nouveaux visages de l’autoformation » qui se tient dans le cadre des 11èmes rencontres du FFFOD à Caen du 06 au 08 novembre 2013.
Le Mooc « est un cours massif, ouvert et en ligne », indique Christine Vaufrey, rédactrice en chef de Thot Cursus en guise d’introduction. Le premier Mooc qu’elle a organisé a réuni 1 300 participants, coûté « 52 euros et beaucoup de temps  », alors que d’autres rencontres virtuelles de ce type peuvent recevoir jusqu’à 100 000 participants, « autant qu’une ville », notamment lorsqu’elles sont labellisées Harvard.
«  C’est gratuit, pour le moment  », précise-t-elle avant de dresser une rapide genèse de ce nouveau mode de cours en réseau, qui mute sans cesse. Des changements très rapides car les plus anciens Mooc universitaires ont à peine… deux ans.

« Une certaine philosophie de la formation gratuite… » (Jacques Bahry)
L’argent n’était pas la clé du modèle économique de ceux qui ont imaginé ces cours participatifs. Les Mooc représentent même « une certaine philosophie de la formation gratuite… », indique Jacques Bahry, qui souligne également que pour la formation professionnelle « il faut désormais trouver d’autres financements que le stagiaire  ».
Une position qu’il a défendue devant les députés et partenaires sociaux qui réfléchissent à la future réforme de la formation professionnelle. «  Ma principale demande est une estimation forfaitaire du temps de formation », précise-t-il, « avec, si nécessaire, un contrôle a posteriori  ». Cette réflexion sur la formation continue ne doit pas oublier le numérique, qui entrera davantage dans les écoles et dans les universités.
En effet, ce lien informatique entre ceux qui apprennent et ceux qui forment est une donnée essentielle de la formation actuelle et à venir, « une philosophie anti-diplôme », note-t-il. Certes, mais « les Mooc qui ont le plus de succès sont ceux qui distribués par les plus grandes écoles », nuance Christine Vaufrey.

Nécessité de repenser les cours
L’apport des Mooc est, pour l’instant, difficilement mesurable qualitativement et quantitativement, même si l’on devine aisément qu’il modifie totalement l’approche des connaissances et les dispositifs classiques d’apprentissage. « C’est davantage un processus de « socio-didacte », de socio-formation. Cela relève de la compétence à apprendre à plusieurs, avec les autres », souligne Denis Cristol, directeur ingénierie et dispositifs de formation au CNFPT.
Mais ce processus touche aussi les enseignants, « sommés de faire évoluer leurs pratiques  », pense Christophe Jeunesse, maître de conférences à l’université de Paris X. Il raconte combien les cours en amphithéâtre ont évolué « avec ces forêts d’ordinateurs » qui accompagnent les étudiants. Ceux qui doivent travailler pour gagner leur vie trouvent dans les formations à distance une flexibilité qui leur est nécessaire pour continuer leurs études. Avec une réserve de taille pour Christophe Jeunesse : « les environnements numériques ne sont pas à la portée de tous  » et « ceux qui réussissent ont un haut niveau d’analyse critique et ne sont pas réfractaires au changement ».
Mais comment les professeurs appréhendent-ils cette nouvelle donne qui remet totalement en cause la tradition universitaire française de l’amphi bondé ? Et comment vivent-ils l’interactivité de leurs cours qui peuvent être directement analysés, commentés, critiqués ? Le succès des Mooc d’Harvard pourra leur donner des éléments de réponse. Le premier Mooc universitaire de Paris X sur la philosophie, programmé début 2014 leur donnera d’autres pistes de réflexion, car 1 300 inscrits attendent déjà la première session avec impatience.

Le quotidien de la foramtion – le 07 novembre 2013, par Claire Padych