► Le niveau de diplôme hiérarchise les conditions d’accès à l’emploi des jeunes (rapport Injep)

Le récent rapport 2012 « Inégalités entre jeunes sur fond de crise », réalisé par l’Observatoire de la jeunesse et des politiques de jeunesse de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep), a fait l’objet de rencontres le 4 décembre dernier au Palais d’Iéna à Paris. Ces rencontres expriment la volonté de la ministre des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative, Valérie Fourneyron, d’ouvrir le débat à partir du diagnostic posé dans ce rapport, à savoir la fragilisation accrue de la jeunesse et le creusement des inégalités entre les jeunes en ces temps de crise économique et sociale.
Nécessité d’atténuer le rôle du diplôme dans les trajectoires professionnelles
Francine Labadie, chef de projet Observatoire de la jeunesse à l’Insep et coordinatrice du rapport, a considéré que « le diplôme est précieux pour l’accès à l’emploi ». Le rapport montre, a-t-elle indiqué, que « les jeunes peu ou pas diplômés sont les plus fragilisés et la mise à l’écart du marché du travail les expose au risque d’exclusion sociale durable ». Autre enseignement : « Il est essentiel de repenser le fonctionnement du système éducatif, et d’atténuer le rôle du diplôme dans la détermination des trajectoires professionnelles et sociales pour offrir à chacun la possibilité de se former tout au long de la vie, et partant, des perspectives de mobilité sociale et professionnelle ».
Lors de la table ronde « La structuration des inégalités au fil des trajectoires scolaires et d’accès à l’emploi », Pierre Merle, sociologue et professeur à l’université européenne de Bretagne, a souligné la multiplicité des inégalités. Elles concernent notamment les différences de destin scolaire selon l’origine sociale qui « a un impact fort sur la réussite scolaire ». En outre les politiques éducatives, « avec une polarisation sur les politiques d’éducation prioritaire, censée réduire ces inégalités, ont échoué à combler le fossé entre les élèves en difficulté et les autres », a-t-il considéré.
Le passage par l’apprentissage ou la formation professionnelle favorise l’insertion
De son côté, Stéphane Jugnot, chercheur associé à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires), a indiqué que « la jeunesse est une étape entre le non emploi (scolarité) et l’emploi, ce qui crée un sur-chômage temporaire ». « Ce dernier n’est pas une spécificité française récente car il apparaît déjà à la fin des années 1960. Les jeunes actifs sont plus exposés au chômage et aux emplois précaires que les autres actifs ». De plus, le niveau de diplôme hiérarchise fortement les conditions d’accès à l’emploi des jeunes. « Les non-diplômés sont, de loin, les plus nombreux à rencontrer des difficultés sur le marché du travail. Le niveau de formation hiérarchise également l’accès à l’emploi. De ce point de vue, le passage par l’apprentissage ou la formation professionnelle aboutit à une meilleure insertion », a expliqué Stéphane Jugnot. Malgré des évolutions des politiques publiques, « celles-ci jouent sur les mêmes leviers depuis plus de 30 ans, posant la question de leur renouvellement ». Toujours sur le plan de l’accès à l’emploi, Jean-Patrick Gille, député d’Indre-et-Loire et président de l’Union nationale des missions locales (UNML), a évoqué le travail des missions locales : « Savoir si le jeune a atteint le niveau de fin de 3ème au collège et s’il est soutenu par sa famille, ce qui favorise l’accès à l’emploi ». Il a d’ailleurs plaidé pour « la création d’un droit à la formation jusqu’à l’âge de 18 ans et d’un droit à la 2ème chance, ce sur quoi se joue l’égalité républicaine ».

https://www.injep.fr/Inegalites-entr…

  Le 5 décembre 2012, par Philippe Philippe Grandin  – l’Actualité de la formation