► Comment améliorer l’insertion des jeunes dans l’emploi ? (Echos des 18èmes rencontres Écomonie, Emploi, Travail en Rhône-Alpes)n°1844

Comment améliorer l’insertion des jeunes dans l’emploi ? Cette question a été posée dans le cadre d’une table ronde intitulée « Les politiques d’emploi et de formation professionnelle : analyse et perspectives », tenue dans le cadre des 18èmes rencontres Economie, Emploi, Travail en Rhône-Alpes jeudi 15 novembre 2012 à Lyon.
Ces rencontres ont été organisées par la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi) Rhône-Alpes, en partenariat avec la Mife (Maison de l’information sur la formation et l’emploi) de Savoie.
Un besoin d’accompagnement
Pour Nathalie Pequignot (Pôle emploi Rhône-Alpes), le public des jeunes demandeurs d’emploi doit être plus accompagné que les autres. « Le niveau de formation et les diplômes restent des éléments de discrimination lorsque les jeunes souhaitent s’insérer. 30% des formations financées par Pôle emploi leur bénéficient alors qu’ils représentent 14% des inscrits », indique-t-elle. Les moins de 26 ans sont également sur représentés en ce qui concerne les propositions d’offres emploi : 23% des propositions leur sont adressées. De la même manière, elle met en avant la nécessité de mettre en place des actions ciblées par niveau de formation. Ainsi, les jeunes demandeurs d’emploi qui n’ont aucun diplôme, ou un niveau de formation en dessous de V ont été sollicités deux fois plus que les autres, et sont deux fois plus nombreux à rentrer dans des prestations d’accompagnement.
Des actions ont également été mises en place pour aller à la rencontre de la jeunesse : « Nous allons dans les établissements scolaires pour apporter des informations sur le marché du travail, pour leur proposer de participer à des recrutements par simulation, pour les aider a choisir leur orientation. »
Des actions ont également été mises en place pour aller à la rencontre de la jeunesse : « Nous allons dans les établissements scolaires pour apporter des informations sur le marché du travail, pour leur proposer de participer à des recrutements par simulation, pour les aider a choisir leur orientation. » Nathalie Pequignot indique les voies de recherche et d’approfondissement qui pourraient permettre à Pôle emploi de se rapprocher encore de ce public : « Nous devons adapter nos canaux de communication en développant une offre de service web, parallèlement au travail mené avec le référent. D’autre part, on pourrait imaginer la mise en place d’une contractualisation entre le jeune et ce dernier pour favoriser l’autonomie. Proposer un cadre d’intervention sous forme de clubs est encore une autre idée… dans la région, nous allons mettre en place trois clubs dans des Zus (Zones urgaines sensibles) d’ici un mois. En conclusion, elle rappelle que les jeunes sont ceux « qui ont le plus besoin de [mesures spécifiques de Pôle emploi] », d’autant qu’un « nouvel environnement s’ouvre devant eux avec la portabilité de leur droits. Ils auront besoin d’être accompagnés. »
Un besoin d’écoute
Pour Jacky Darne, président de l’URML (Union régionale des missions locales), le facteur diplôme et la qualification professionnelle ne sont pas les seuls à prendre en compte lorsque l’on accompagne un jeune. « Il faut que nos réponses soient plus larges. Pourquoi un jeune chômeur accompagné par les diverses structures ne passe-t-il jamais de visite médicale alors que la santé a tant d’influence sur la vie professionnelle ? Pourquoi ne se préoccupe-t-on pas plus des problèmes liés au permis de conduire, au logement ? ».
D’autre part, selon Jacky Darne, un travail plus approfondi avec le système scolaire est nécessaire en matière de formation : « Les jeunes aiment se former au contact de la vie en entreprise car veulent du concret ! Au contraire, lorsqu’on leur fait faire des mises à niveaux théoriques dans une salle de classe, ils ont le sentiment d’être revenus à l’école et n’accrochent pas. Ce paramètre de motivation doit être pris en compte ! Nous sommes trop dans une politique de l’offre, nous n’écoutons pas assez ! ».
Un besoin d’orientation
Philippe Meirieu, vice-président du conseil régional de Rhône-Alpes délégué à la formation tout au long de la vie, de son côté, souligne que tous les jeunes ne sont pas impactés de la même manière par la crise. « Deux questions nous préoccupent. La première, c’est l’orientation. Plus les jeunes sont en difficultés scolaires, plus ils sont orientés vers des filières professionnelles, et donc doivent faire tôt leur choix de carrière ! Or, il y a une corrélation entre échec scolaire et orientation professionnelle prématurée », dit-il. Aussi, Philippe Merieu préconise de favoriser, dès le collège, un contact avec les métiers « pour que orientation ne reste pas aussi inégalitaire ».
Il met de grands espoirs dans la mise en place du SPO (Service public de l’orientation), espérant que celui-ci associera l’ensemble des acteurs (Education nationale, Pôle emploi, missions locales…). «  Aujourd’hui, il faut une information plus claire et plus lisible pour les jeunes. Ils ont encore du mal à se figurer les conséquences pratiques du métier qu’ils choisissent, les engagements qu’ils prennent. Or, il est bon d’avoir une représentation de la carrière que l’on choisit avant d’entrer en formation ! ». Par ailleurs, le vice-président de la région Rhône-Alpes insiste sur le fait qu’il faut lutter contre les ruptures.

Le quotidien de la formation – 16 novembre 2012, par Aurélie Gerlach