Article Marianne –
Par Marie-Estelle Pech – Publié le 17/06/2021

 

Triste record métropolitain. La part des jeunes en difficultés de lecture s’élève à 12,9 % dans l’Aisne et 12,2 % dans la Somme contre 4,6 % à Paris, lit-on dans une note des services statistiques de la rue de Grenelle mise en ligne cette semaine. Emmanuel Macron doit précisément se rendre ce jeudi 17 juin dans des villages de ces deux départements des Hauts-de-France pour échanger avec des élèves sur l’éducation et la lecture.

 

On se souvient qu’en 2014, il avait été brocardé à l’Assemblée nationale, en tant que ministre de l’économie, pour avoir évoqué frontalement la situation d’illettrisme d’une partie des employées d’un abattoir breton qui avait dû fermer ses portes. Incapables pour cette raison, disait-il, de passer le permis de conduire pour trouver du travail ailleurs. L’utilisation de ce terme avait été jugée stigmatisant pour les ex-salariés du site de l’entreprise, dans le Finistère. Il n’aura, sans doute, pas manqué de lire les résultats du test de lecture proposé lors de la Journée défense et citoyenneté (JDC).

 

Un déficit important de vocabulaire

 

Plus de 437 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans, de nationalité française, y ont participé en 2020. Selon les évaluations effectuées à cette occasion, 9,5 % d’entre eux sont en difficulté de lecture. C’est d’abord le niveau en compréhension de l’écrit qui distingue ces jeunes. Ceux qui rencontrent les problèmes les plus sévères et qui représentent 4,6 % de l’ensemble, se caractérisent par un déficit important de vocabulaire. Ils n’ont, le plus souvent, pas installé non plus les mécanismes de base de traitement du langage écrit. Et peuvent être considérés en situation d’illettrisme. Si les autres ont, quant à eux, un niveau lexical oral correct, ils ne parviennent pas à comprendre les textes écrits.

Seuls, 78,6 % de ces jeunes Français sont en réalité des « lecteurs efficaces ». Un chiffre assez tragiquement similaire à celui que l’on peut observer à l’entrée du collège, en sixième, année après année. À ce niveau de scolarité, le retard est déjà profondément installé. L’essentiel se joue avant, dans les petites classes de l’école élémentaire, les CP et CE1, sur lesquelles le gouvernement concentre ses efforts budgétaires, essentiellement en REP et REP+.

 

Les difficultés de lecture diminuent, bien sûr, à mesure que le niveau d’étude s’élève : elles se rencontrent chez 43,5 % de ceux qui n’ont pas dépassé le collège mais qui ne représentent que 2,6 % des jeunes. Près d’un tiers de ceux qui ont un niveau CAP ou BEP. On compte 3,5 % de jeunes décontenancés devant un texte écrit parmi ceux qui ont suivi des études générales ou technologiques au lycée.

 

Dans le détail, la part des jeunes en difficulté de lecture s’élève à 12,9 % dans l’Aisne, 12,2 % dans la Somme et 11,1 % dans l’Oise. Elle atteint près de 12 % dans le Cher et la Haute-Marne. En Île-de-France, la part des jeunes en difficulté varie de 4,6 % à Paris à 11,9 % en Seine-Saint-Denis. Concernant l’outre-mer, les pourcentages sont nettement plus élevés : 28 % pour la Guadeloupe et la Martinique, 25,4 % pour la Réunion, 46,6 % en Guyane et 71,1 % à Mayotte.

 

Article en ligne