Par ailleurs, six ans après la première enquête "information et vie quotidienne" consacrée à l’illettrisme de 2005 et qui avait porté sur près de 10 000 personnes, Nadine Morano s’est engagée à relancer une deuxième consultation dès cette année, dont les résultats seront analysés fin 2011 et comparés à ceux de l’étude précédente. « Ainsi, nous disposerons de chiffres comparables afin de mesurer l’évolution de l’illettrisme dans notre pays » a t-elle indiquée. Cependant, ni son Ministère, ni l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) ne comptent attendre la publication de cette enquête pour œuvrer au développement des bonnes pratiques puisque, d’ores et déjà, un document de responsabilisation des entreprises, destiné à aider celles-ci (et notamment les PME) à développer, en leur sein, des actions de dépistage et de lutte contre ce « fléau social », est disponible sur le site Internet de ces deux institutions.

Pôle emploi

Les services de Pôle emploi, déjà signataire, en début d’année, d’un accord-cadre avec l’Etat et l’ANLCI, ont eux aussi déployé un vaste programme à travers tout le territoire. Selon Christian Charpy, directeur général de Pôle emploi, « aujourd’hui, quelques mois après cette signature, 600 agences ont d’ores et déjà été sensibilisées, ce qui représente près de 5000 agents qui ont eu l’occasion d’être formés au repérage des personnes en situation d’illettrisme ainsi qu’à l’accompagnement de celles-ci vers des organismes de formation compétents ». Toutefois, Christian Charpy admet que le travail est loin d’être achevé et que l’intensification de la lutte contre l’illettrisme amènera Pôle emploi à développer ses partenariats avec les Régions, les OPCA et les organismes susceptibles d’offrir des formations aux compétences-clés en vue d’établir un recueil vivant des bonnes pratiques, diffusable sur un Intranet accessible aux agents de l’ex-ANPE.

Offre de formation

La compétence des organismes de formation : un sujet particulièrement sensible selon Marie-Christine Soroko, Déléguée générale de la Fédération de formation professionnelle (FFP), pour qui « les publics de bas niveau sont généralement ceux qui s’avèrent les plus difficiles à former. Aussi, les organismes de formation aux savoirs de base doivent faire preuve de trésors d’imagination pour développer des programmes susceptibles de les intéresser. Si les stagiaires sortent déçus de ces formations, alors il s’agit d’un échec susceptible de préfigurer de grandes difficultés dans leurs formations futures ! » Afin de limiter ces échecs, la Déléguée de la FFP a rappelé que sa fédération avait mis en place une CQP de formateur-consultant afin de garantir la professionnalisation des enseignants des savoirs de base. Par ailleurs, en cas de doute sur le professionnalisme d’un organisme de formation, elle a recommandé d’examiner ses certifications. « Nous recommandons aux organismes sérieux de faire valider leur démarche-qualité par une norme ISO ou NF », a-t-elle ajouté.

Opca

Le plan d’action partagé n’aura pas été le seul accord signé ce 29 mars puisqu’en parallèle, l’ANLCI et 23 OPCA [2] ont paraphé une charte des bonnes pratiques pour le développement des actions de lutte contre l’illettrisme dans un objectif de sécurisation des parcours professionnels, de dépistage de l’illettrisme, d’amélioration de l’évaluation et de l’accompagnement des salariés dans leur retour vers la maîtrise des compétences-clés.

Si de nombreux participants à cette journée ont martelé qu’il fallait « faire tomber le tabou de l’illettrisme en France », nul n’a mieux résumé cette urgence que le parrain de l’opération, le comédien Gérard Depardieu, lui-même ancien illettré, qui, a sa façon, a témoigné de sa propre expérience en la matière : « On est très seul lorsque l’on est illettré. Adolescent, je voulais être incarcéré de force dans un lycée pour apprendre à lire et à écrire ! Je croyais beaucoup en l’école ! »

En France en 2011, plus de 3 millions de personnes sont en situation d’illettrisme. 1,8 million d’entre-elles sont pourtant dans l’emploi, dont 900 000 personnes qui ont plus de 45 ans. Pour les salariés, c’est une barrière importante à la mobilité et à l’évolution professionnelle. Pour les demandeurs d’emploi, c’est un frein considérable à l’insertion professionnelle.

[1] Accord signé entre le Ministère de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle, l’ANLCI, Pôle emploi, le Conseil national des missions locales (CNML), L’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat, l’Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie, l’Association nationale des DRH, le Garf, Grandes écoles au féminin et la Conférence des grandes écoles.

[2] Agefaforia, Anfa, Forcemat, OPCA CGM, FORCO, Opcalia, Agefos-PME, Formahp, Opcams, lFafih, Forthac, Opca Transports, Faf Propreté, Opca Bâtiment, Opca TP, GFC BTP, Aref BTP, Unifaf, Fafsea, Habitat formation, Uniformation, Faf TT et Intergros.