► Le CNFPTLV rend ses propositions pour lutter contre l’illettrisme

Atteindre un taux de 5 % d’illettrisme au niveau national en 2018, faire baisser de 2 points le taux pour chacune des régions métropolitaines et de 5 % l’écart à la moyenne nationale pour les régions d’Outremer, « l’évaluation de l’atteinte de ces objectifs pouvant être confiée à l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) et à l’IGAENR (Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale) ». C’est l’objectif que fixe le CNFPTLV (Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie) qui vient de produire un rapport et une série de recommandations sur ce thème. Ces documents seront présentés à l’occasion d’une réunion du Conseil en séance plénière prévue pour le 16 décembre 2013.
Ce rapport a été préparé à la demande de Michel Sapin, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social et de Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale (voir notre article).

Dans ces textes, le CNFPTLV préconise notamment de prolonger la « Grande cause nationale » par une journée nationale de l’illettrisme devant se tenir le 8 septembre, journée internationale de l’alphabétisation.

Un taux d’illettrisme à 5 % d’ici 2018
Pour « prendre la mesure du problème », il est proposé de « stabiliser le noyau dur des outils de mesure de l’illettrisme » et notamment l’enquête Insee, IVQ (Information et vie quotidienne), à laquelle on intégrerait des éléments d’accès au monde numérique. De même, le Conseil préconise de généraliser les extensions de l’enquête IVQ à toutes les régions, y compris pour l’Outremer, ainsi que conserver les outils de mesure utilisés au moment de la journée défense et citoyenneté. La mise en œuvre d’enquêtes quantitatives par des études « plus qualitatives » sur certaines populations, dont les jeunes est également souhaitée.

Publics prioritaires
Une autre recommandation du rapport consiste à concentrer les actions sur deux priorités : «  d’une part en prévention de l’illettrisme chez les enfants et les adolescents, d’autre part en direction des plus de 45 ans et des résidants en zones rurales ou urbaines sensibles qu’ils soient salariés ou demandeurs d’emploi. »
Le soutien aux familles qui ne maîtrisent pas bien les compétences de base est préconisé, notamment par le développement des Actions éducatives familiales. Par ailleurs, le renforcement de la maîtrise de la langue française passe, dit le CNFPTLV, par une amélioration de la formation des équipes pédagogiques et éducatives. Pour ce faire, il est proposé notamment la mise en place de modules de connaissances sociologiques en formation initiale et continue, et le développement de la formation des enseignants « sur les mécanismes cognitifs d’apprentissage ». De même le Conseil veut encourager les partenariats locaux pour mieux prévenir l’illettrisme (établissements scolaires, services de santé, médiathèques, centres de loisirs, mouvements d’éducation populaires, secteurs culturels et sportifs…).
Le CNFPTLV insiste entre autres sur l’action auprès des jeunes décrocheurs, conseillant de former les conseillers des missions locales aux repérages des situations d’illettrisme. Mais les adultes ne sont pas oubliés : « qu’ils soient en emploi ou demandeurs d’emploi, les expériences conduites montrent qu’il s’agit de construire et financer des parcours liant systématiquement remédiation linguistique ou réapprentissage des compétences de base avec des considérations professionnelles. » Les futurs conseil en évolution professionnelle et compte personnel de formation devraient, pour ce faire, être mobilisés, de même que des accords sectoriels sur le sujet de la prévention et de la lutte contre l’illettrisme. Une capitalisation des formations disponibles, bonnes pratiques et une mutualisation des outils sont également préconisées, ainsi que le renforcement des actions en matière de recherche et développement sur les mécanismes d’apprentissage des adultes peu qualifiés.

Développement d’une organisation territoriale et partenariale
«  Les prochains contrats de plan régionaux de développement de la formation professionnelle devront intégrer le plan régional de lutte contre l’illettrisme », écrit le CNFPTLV. Celui-ci souhaite aussi que les partenaires sociaux soient associés à la signature ce plan régional de lutte contre l’illettrisme.

ANLCI
Par ailleurs, pour le Conseil, il est nécessaire de faire évoluer la circulaire du Premier ministre du 20 juin 2001 qui régit la désignation des chargés de mission régionaux de l’ANLCI (Agence de lutte nationale de lutte contre l’illettrisme) et conforter leur mission de coordination en prévoyant, dans un cadre national, l’affectation de moyens spécifiques pour renforcer leur mission. « En plus de leurs missions traditionnelles, il est attendu des chargés de mission, qu’ils soient les garants de la préparation de la contractualisation du plan régional de lutte contre l’illettrisme, qu’ils s’assurent de la bonne mise en œuvre du plan et qu’ils soient le relais de l’ANLCI sur les territoires », est-il ajouté.

Carif-Oref
Dans le cadre d’une convention État-Région, il est proposé qu’un chargé de mission Carif-Oref soit positionné au sein d’une structure État-Région «  afin de mieux prendre en compte les dimensions ‘formation, emploi, économie et illettrisme’, et la pluralité des acteurs intervenants ». De même, le rôle des Carif-Oref en matière de professionnalisation des acteurs de l’accueil information orientation accompagnement est renforcé. En lien avec les services de l’État, du conseil régional, du chargé de mission de l’ANLCI et du CCREFP (Comité de coordination régional de l’emploi et de la formation professionnelle), le CNFPTLV souhaite qu’ils contribuent au diagnostic préalable du plan régional de lutte contre l’illettrisme.

CCREFP
Le CNFPTLV souhaite mettre en place, au sein des CCREFP un groupe de travail/commission sur le sujet de la prévention et de la lutte contre l’illettrisme. Ce groupe de travail ou cette commission pourrait avoir les objectifs l’élaboration, la contractualisation et le suivi du plan régional de prévention et de lutte contre l’illettrisme.

Le quotidien de la formation 13 décembre 2013, par Aurélie Gerlach