► L’évaluation par le Céreq d’un dispositif de lutte contre la rupture scolaire interroge sur la pertinence d’une injonction générale à la rescolarisation

Le Céreq a évalué un dispositif visant à favoriser le retour vers une formation qualifiante de jeunes non diplômés en rupture scolaire et mis en œuvre entre 2009 et 2011 sur le bassin marseillais. Ce dispositif, nommé Apipaq (accompagnement partenarial d’itinéraires personnalisés vers la qualification), fait partie de diverses actions expérimentales financées à partir de 2009 par le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse (FEJ). En France, environ 120 000 jeunes quittent chaque année le système éducatif français sans diplôme. Le Céreq rappelle que l’expérimentation Apipaq « reposait sur un partenariat renforcé entre rectorat et mission locale, et sur la création d’espaces d’accueil personnalisés (EAP) animés par un organisme de formation indépendant, à destination des jeunes les plus en difficulté ». Concernant l’évaluation, un protocole rigoureux d’estimation d’impact a été mis en place sur la base d’une « méthode randomisée ». Celle-ci consiste à définir une population susceptible de bénéficier d’un dispositif, puis à répartir aléatoirement les individus dans deux groupes distincts : le groupe « intervention » et le groupe « témoin ». La population entrant dans l’expérimentation était repérée par la mission locale et le rectorat. Affectés dans un groupe ou l’autre de façon aléatoire, les jeunes du groupe « témoin » se voyaient proposer une prise en charge classique tandis que ceux du groupe « intervention » pouvaient bénéficier d’un EAP.
Sur le plan des résultats, le Céreq note que dans le groupe « intervention », les jeunes ont suivi en moyenne 1,3 formation depuis la rupture scolaire, et 36 % ont abandonné au moins une formation en cours de route. Dans le groupe « témoin », ces chiffres sont de 1,2 et 27 %. Les différences les plus nettes apparaissent sur les modalités d’accompagnement dans la recherche de formation ou d’emploi, les jeunes du groupe « témoin » étant les moins bien lotis. Dans ce groupe, 13 % des jeunes affirment que, depuis leur rupture, ils n’ont été en contact avec aucun organisme dans le cadre d’une recherche de formation ou d’emploi. C’est le cas pour seulement 5 % des jeunes du groupe « intervention ». En ce qui concerne le type de formation suivie, la seule différence sensible s’observe sur les remises à niveau, avec une participation plus forte dans le groupe « intervention ». Sur l’obtention de diplôme, les jeunes du groupe « témoin » semblent dans une situation un peu plus favorable, puisqu’en décembre 2011, 23 % d’entre eux en possèdent un contre 18 % dans le groupe « intervention ». Au final, souligne le Céreq, « la plus-value des EAP n’est pas mise en évidence au regard de l’accès en formation qualifiante, critère d’évaluation initialement retenu ». Le Céreq n’a donc pas préconisé leur généralisation.

Consulter le "Bref" du Céreq n°307 mars 2013

 le quotidien de la formation 21 mars 2013, par Philippe Grandin