L’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) se mobilise autour
   de la question de la sécurisation des parcours des apprentis

 

« Nous sommes réunis aujourd’hui pour évoquer les solutions mises en place dans les centres de formation
des apprentis (CFA) dont certains stagiaires rencontrent de graves difficultés avec les compétences de base
 »,
a annoncé Hervé Fernandez, directeur de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI), le 5 juillet dernier
à Paris, dans le cadre de la journée nationale de restitution de l’expérimentation : « Renforcer les compétences de
base en apprentissage
 ».

Cette expérimentation, qui a débuté en 2009, est menée par l’ANLCI en partenariat avec les Conseils régionaux et
les partenaires institutionnels des territoires. Elle se décline dans 50 CFA volontaires de 9 régions de métropole
et d’outre-mer. Elle est soutenue par le Fonds d’expérimentation jeunesse (FEJ), rattaché au ministère des Sports et
de la Jeunesse, la Fondation BTP Plus et le ministère de l’Outre-Mer.

« Les difficultés à lire, écrire, et à effectuer des calculs simples, constituent un obstacle pour l’accès à la
qualification et un frein à l’autonomie professionnelle.
 » a expliqué Hervé Fernandez, ajoutant que l’illettrisme n’est
pas absent de la sphère professionnelle et que certains maîtres d’apprentissage peuvent aussi y être confrontés.
« Dans le cadre de l’expérimentation, nous avons proposé des solutions concrètes pour sécuriser les parcours
de formation des apprentis en identifiant les écueils à éviter et en mettant à disposition des outils construits
en commun. Les CFA ont mis à plat leurs process et ont opéré une description de leur quotidien avec les apprentis.
Les chargés de mission de l’Agence ont garanti le lien et la cohérence de ce travail au regard de la lutte
contre l’illettrisme
 », a-t-il détaillé. L’objectif de la journée était selon lui de montrer qu’il y a un intérêt à agir et
de réfléchir à l’utilisation de ces outils par le plus grand nombre. Le directeur de l’Agence a parlé d’une nécessaire
prise en main de la boîte à outils, élaborée par l’ANLCI, et ainsi créer une « accélération de la contagion des
bonnes pratiques
 ». L’Agence a d’ailleurs « demandé des moyens complémentaires au Fonds social européen
(FSE) pour poursuivre ce travail qui amène à la multiplication des bonnes pratiques
 ». En France, il y a 3,1 millions
de personnes concernées par l’illettrisme dont 1,8 million de personnes dans l’emploi (57 %).

Compte tenu des constats et des éclairages apportés par l’expérimentation depuis plus de deux ans, l’ANLCI a
élaboré des recommandations, notamment en attirant l’attention des institutions qui interviennent auprès des 
CFA. L’Agence insiste en particulier sur l’intérêt pour les Opca et les branches professionnelles de développer
une politique autour de la problématique de la prise en charge des apprentis en grande difficulté avec les
compétences de base, avec pour objectifs la sécurisation des parcours et la diminution du taux de rupture des
contrats d’apprentissage. Elle préconise également la création d’espaces d’échanges de pratiques inter-CFA en
vue d’en mobiliser un plus grand nombre et d’essaimer des démarches de prise en charge des apprentis. Ces
réunions doivent permettre de transférer les outils élaborés lors de l’expérimentation portée par l’ANLCI,
d’échanger entre pairs, de partager et de capitaliser de nouvelles pratiques.

Dans le cadre de l’expérimentation, Marina Fructus, directrice du CFA de la CCI de Nîmes, a précisé les deux axes
du projet de son établissement, à savoir la sécurisation des parcours et la responsabilisation. « L’apprentissage
est souvent une voie par défaut. Nous sommes en présence de jeunes avec un parcours chaotique, en situation
de réorientation et de rupture, et qui ont peur du scolaire. Il est donc important de les accompagner au moment du
choix de l’apprentissage mais aussi tout au long du parcours
 », a-t-elle déclaré. « Nous travaillons sur la
transversalité des matières (mathématiques, français…), d’où la nécessité de repenser la relation pédagogique.
Le formateur n’est plus derrière son bureau mais au centre d’îlots composés de groupes d’apprenants.
 »

En Rhône-Alpes, le second plan régional de lutte contre l’illettrisme prévoit la prise en charge des jeunes apprentis
en difficulté avec la maîtrise des compétences de base, ce qui n’était pas le cas dans le cadre du premier plan
(2006). « L’objectif est de poursuivre l’expérimentation et de faire adhérer à ce projet le plus deCFA possible. Il
faut également rester vigilant en se demandant vers quoi nous devons avancer pour que ce projet soit pérenne
 »,
a conclu Anne Messegué, chargée de mission régionale de l’ANLCI en Rhône-Alpes. L’ensemble des outils et
pratiques seront rendus disponibles sur le nouveau site de l’ANLCI, à la rubrique apprentissage.

 

Actualité de la formation – le 10 juillet 2012