► Rapport Fourgous : repenser la pratique pédagogique des enseignants
    à l’heure du numérique

Fin février 2012, la mission parlementaire présidée par le député (UMP) des Yvelines, Jean-Michel Fourgous, mandatée par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Laurent Wauquiez rendait un rapport intitulé Apprendre autrement à l’ère du numérique consacré aux innovations des pratiques pédagogiques par le numérique et à la formation des enseignants (…)
Un chapitre est consacré à la nécessaire formation des enseignants aux pédagogies numériques. Une stratégie susceptible de répondre aux enjeux liés à « la compétitivité et la massification de l’enseignement supérieur ».
Accompagner les enseignants aux NTIC
Le rapport l’affirme : « Avec l’augmentation de la diversité des étudiants et l’arrivée des outils numériques, les professeurs d’université n’ont d’autres choix que d’apprendre à différencier leurs pratiques, tout en continuant à proposer des formations d’élite. » Une nécessité se traduisant notamment par « une refondation des pratiques pédagogiques » comme cela avait été souligné en 2010 par Jacques Fontanille, président de l’Université de Limoges à l’occasion de la troisième édition du Colloque international de l’Université à l’ère du numérique (CIUEN). Un constat qui s’appuie, entres autres, sur le programme d’Institutional management in higher education [1], publié par l’OCDE, sur l’engagement à construire un espace européen dans l’enseignement supérieur tel que prévu par le processus de Bologne, mais aussi sur les recommandations du conseil de l’Union européenne de 2009 relatives à la formation de formateurs aux compétences nécessaires pour enseigner.
[1] Management institutionnel dans l’éducation supérieure.

« Jusqu’à présent, seule la recherche entre en ligne de compte dans l’évolution de la carrière des enseignants du supérieur », note Jean-Michel Fourgous dans son rapport, « il est nécessaire aujourd’hui de les inciter à se former aux nouvelles pratiques pédagogiques, notamment par la création d’une prime d’excellence pédagogique. » Une prime qui reposerait sur la procédure d’évaluation des enseignements et de la formation en fonction de l’appréciation des étudiants telle que prévue dans l’arrêté Bayrou de 1997. Mais au-delà de l’incitation financière, il appartient aux services universitaires de pédagogie (SUP) — regroupés au sein d’un réseau national — d’accompagner les enseignants aux NTIC [2] afin d’améliorer les qualités pédagogiques de leurs formations en la matière. Toutefois, si ces services ont, depuis leur instauration dans les années 2000, contribué à développer des actions de formation et d’accompagnement du corps professoral pour favoriser l’innovation, les échanges entre enseignants et la recherche en pédagogie universitaire, ils ne couvrent actuellement que 20% des universités, particulièrement scientifiques ou technologiques. « Ils n’ont pas de réelle reconnaissance et demeurent largement dépendants des priorités budgétaires des établissements », regrette le rapport, qui propose « comme dans les pays anglo-saxons », de donner à ces services les capacités de se développer et de se pérenniser.
Initiatives d’excellence en formations innovantes
A cet effet, le rapport suggère de recourir aux initiatives d’excellence en formations innovantes (Inefi) qualifiées de « levier vers de nouvelles formations universitaires ». Ces Inefi, présentées initialement en octobre 2011, projettent d’améliorer et de diversifier les contenus pédagogiques, de développer les usages du numérique (notamment les formations blended), de repenser le rythme de formation, de renouveler les partenariats avec le monde de l’entreprise ou encore de renforcer l’accompagnement des enseignants, notamment au travers des SUP. Au nombre de vingt, ces projets sont actuellement budgétés à hauteur de 150 millions d’euros.
Par ailleurs, le député envisage l’intégration des IUFM au sein des universités afin, selon les termes de Pierre Fracknowiak, inspecteur honoraire de l’Éducation nationale, « de mettre un terme à une croyance absurde selon laquelle il suffirait d’être un bon enseignant dans le primaire ou le secondaire pour être un enseignant-formateur compétent ». Objectif avoué du rapport Fourgous ? Permettre aux Universités françaises de se classer aux plus hauts rangs des universités mondiales. « Tout le système éducatif et la France ont à y gagner ! » Reste à savoir ce que va devenir ce rapport avec l’alternance…

[2] Nouvelles technologies de l’information et de la communication.

10 mai 2012 – Benjamin D’Alguerre – Source : Actualité de la formation